• Bruno LAPEYRONIE - Directeur Général de SPORTCOLL

    Bruno LAPEYRONIE - Directeur Général de SPORTCOLL
    Crédit photo : Bruno Lapeyronie

    Originaire d’Ajaccio, Bruno Lapeyronie est tombé dans le sport à l’âge de 8 ans et plus exactement sur un tatami. A 46 ans ce judoka ceinture noire 2eme dan   n’a jamais quitté l’univers sportif  pour en élargir l’horizon : comme pratiquant, comme dirigeant et comme enseignant notamment à AMOS Bordeaux. Après avoir ajouté l’athlétisme comme nouvelle corde à son arc il enchaîne les courses hors stade avec 13 marathons français dont un grand cru, celui du Médoc. Devenu triathlète il préside aux destinées de ce sport à Montpellier, fort de ses participations à de nombreuses épreuves y compris à l’« Altriman » (de format Ironman). Dans le même temps le directeur de SportColl multiplie ses engagements dans le management du sport territorial faisant de lui non seulement un expert professionnel reconnu mais aussi un « designer du sport » nouvelle espèce professionnelle en voie d’apparition.

     

    Pourquoi avoir choisi Montpellier comme terrain de jeu ?


    « Mon engagement à Montpellier s’inscrit d’abord dans mon parcours territorial suite à une formation spécifique dans ce domaine et ensuite parce que le sport classique pourrait-on dire s’est ouvert de nouveaux horizons qui peuvent prendre des formes locales innovantes et exemplaires. C’est le cas emblématique de Montpellier sous l’impulsion d’un leader du marketing territorial comme Georges Frêche dont le rôle a été décisif. Les inflexions inédites qu’il a managées comme Maire de la ville, Président de la Communauté ou Président de la Région ont montré leur efficacité. Ainsi la priorité donnée dans le cadre des aménagements restructurant la cité s’est appuyée dès le début sur le sport et la culture aux côtés du soutien à l’économie. Dans les années 80- 90 cette politique territoriale s’est distinguée par le sport quand d’autres collectivités faisaient de leur gare un pôle préfigurant aussi des évolutions en cours. Montpellier s’est appuyé sur les associations sportives qui sont au nombre de 400 à ce jour avec une présence au plus haut niveau à l’égale de Paris. Les titres de champions de France couronnent toujours cette stratégie. « On a peur de personne » disait Georges Frêche. Il évoquait notamment le football occitan venu d’un quartier, La Paillade avec Louis Nicollin, pour évoluer quelques années plus tard dans les coupes européennes ! »



    Crédit photo : Bruno Lapeyronie

    D’autres collectivités ont-elles adopté une position similaire ?


    « Oui et la liste est longue.  Connaissant assez bien le territoire hexagonal grâce au réseau de l’ANDISS (1) dont j’ai été le Vice-Président national elles sont nombreuses de Brest ou Nantes à Marseille en passant par Bordeaux avec des évolutions dans le même sens. Ainsi quand il n’y pas assez d’équipements sportifs de nouveaux standards apparaissent en lien avec des pratiques nouvelles notamment dans les espaces publics à conquérir. Pourquoi ? Parce que nous vivons la 3ème génération dans les évolutions du sport : évolutions connectées avec celles de nos sociétés, de la technologie embarquée à la pratique sportive à domicile et avant l’épidémie, le sport gagne en influence dans nos modes vie. Un décloisonnement se produit tant pour son modèle juridique que pour ses modèles économiques »



    Crédit photo : Bruno Lapeyronie

    Précisément quel est le bon modèle ?


    « Je vais peut-être vous surprendre mais il n’y en a pas et je doute qu’il y en ait demain, notre société et le sport étant historiquement et heureusement attachés à la liberté. Venant d’ailleurs ? Ma réponse sera la même. Pourquoi ? Parce que « le territoire commande » où que nous nous trouvions, c’est le principe de subsidiarité qui répond le mieux aux besoins de proximité. Les territoires savent inventer des formats éloignés des stéréotypes et sans faire de bruit. L’exemple maintes fois évoqué de l’Allemagne et de ses après-midi dédiées au sport que l’on a cherché à copier est révolu, y compris chez nos voisins. En termes de modèles économiques dira-t-on ? je fais la même réponse. Il n’y a pas un modèle public plus ou moins performant qu’un modèle privé ou vice versa, mais la capacité du territoire à répondre aux besoins très divers. En revanche l’arrivée de nouveaux acteurs économiques investissant dans des équipements multifonctionnels adaptés aux différents publics, aux différents horaires est une réelle opportunité dont nombre de territoires se saisissent avec succès » 

    Par exemple ?


    « Ici à Bordeaux avec une reconquête de territoires délaissés voire en friche. C’est le cas de « Darwin », si bien nommé pour identifier la dimension évolutive de nos sociétés. « Darwin » est un pôle installé dans un lieu avec des bâtiments qui étaient destiné à la destruction au bord de la Garonne. Il a été réinvesti à partir de la proposition d’entreprises modestes en taille mais visionnaires que les pouvoirs publics ont su soutenir. Se mêlent sports urbains, espaces de coworking, restauration bio, agora pour spectacles notamment. Le développement des pistes cyclables et des aménagements conciliant urbanisme et espaces de loisirs sont réalisés sous l’égide des pouvoirs publics et en lien avec les associations sportives le plus souvent. J’ai eu le privilège d’être au cœur de ces évolutions comme Directeur des Sports de la ville de Montpellier pendant 8 ans venant de la Ville de Bourges, via la Normandie, où de responsable des piscines j’ai pu gravir les échelons. De gestionnaire d’équipements à manager de la stratégie d’un territoire j’observe les mutations en cours que je partage avec les étudiants à AMOS comme à l’Université. Avec mon agence SportColl créée en 2017 et qui dépend de la direction de « TVSportEvent » je fédère chaque année acteurs publics et privés dans un Forum à Montpellier. Les fabricants sont présents durant ces 3 journées dans la cité qui accueille l’ATP 250 au sein de la Sud de France Arena. C’est le seul rendez-vous en France qui réunit les décideurs des politiques sportives, élus, cadres territoriaux, mouvement sportif et acteurs économiques de la filière sport »

    Pour travailler dans cette filière que conseillez-vous aux étudiants ?


    « D’ouvrir les yeux sur le sport et la vie publique de leur territoire avec au premier rang les évolutions des pratiques et donc des métiers. Ainsi l’évènementiel, et au -delà de ses difficultés liées au Covid 19, est souvent vécu comme l’Eldorado du sport, ce qu’il n’est pas !  La vie estudiantine doit préparer leur entrée dans la vie active quand beaucoup de jeunes de la génération actuelle vivent comme une bulle coupée des contingences de la réalité, d’où l’intérêt des expériences professionnelles dans leur formation, mais aussi après, mon expérience m’ayant appris que tout est possible avec la volonté et la passion »

    (1) ANDIISS : Association Nationale des Directeurs et Intervenants des Installations et des services des sports.



    Crédit photo : Bruno Lapeyronie
    Articlé rédigé par Alain ARVIN-BEROD, directeur du Conseil de Perfectionnement et des Publications AMOS Group. Parution dans Sport Stratégies n°657 du 18 au 24 janvier 2021.

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