• DE LA BOXE A HAUT NIVEAU A LA CRÉATION D’ENTREPRISE !

    DE LA BOXE A HAUT NIVEAU A LA CRÉATION D’ENTREPRISE !
    Sandra Geiger-Jacob, quintuple Championne du Monde : deux fois en Kick Boxing, en Thai Boxing, en Boxe Française et en Boxe Anglaise professionnelle, puise dans ses combats, les enseignements, pour faire face aux situations complexes et incertaines, mais aussi pour durer dans l’adversité et développer … le plaisir !

    Dirigeante, aujourd’hui, d’un cabinet de conseil en intelligence collective, et développement durable, EDEN, Sandra accompagne les équipes dans leurs transformations, pour atteindre leur haut niveau de performance dans la durée. Elle intervient notamment, en séminaires, formations ou bien encore au travers d’ateliers d’apprentissage.

    En quoi ton expérience de Sportive de Haut Niveau t’a-t ’elle formée et enrichie ? 

    « J’ai eu la chance d’être dans une école, Panza Gym, de la perpétuelle remise en question, grâce à mon coach André Panza. Une remise en question, qui se traduisait par une veille constante de ce qui pourrait être améliorée, et une attention à tout ce qui m’entourait, pour y puiser des enseignements, des inspirations, y compris dans d’autres sports. Je me souviens m’être inspirée des déplacements des basketteurs lorsqu’ils pivotaient sur une jambe !

    C’est aussi l’apprentissage de l’échec, comme un brouillon de la réussite, le droit à l’erreur. Savoir se relever d’une défaite est une grande victoire. « Beaucoup s’arrêtent là, dégoutés ! ». Aujourd’hui encore, j’accepte les erreurs, et trouve beaucoup de plaisir, à en faire des leviers de progrès. La boxe m’a aussi donné le goût des autres, de comprendre leurs intentions, de savoir lire, et anticiper leurs actions.

    La conclusion que j’en tire, c’est qu’en acceptant avec bienveillance cette succession incessante et passionnante de rebondissements, d’échecs, de succès, de sinusoïdes, parfois tremblantes ou lisses il se dessine petit à petit quelque chose qui grandit la capacité à mieux comprendre à savoir déconstruire des schémas du passé pour embrasser de nouvelles logiques, à savoir lâcher prise. Et tout cela mène à plus de sérénité, à un sentiment de s’approcher d’une vérité qui s’affranchit du besoin de reconnaissance, du besoin matériel même, tellement c’est riche ! »

     

    Peut-on traduire une expérience sportive exigeante dans tes nouveaux métiers ? 

    « A travers cette expérience de la boxe, j’ai appris à avoir une approche globale, pour être performante dans la durée et le respect de mon intégrité. Une approche non compartimentée, qui intègre de façon imbriquée, trois sphères : le physique, l’altérité et le spirituel : 

    • Le physique : l’attention que l’on porte à soi, à son corps

    • L’altérité : l’attention que l’on porte à l’autre : adversaire ou partenaire ; aux autres : coach, sponsors, fédération…

    • Le spirituel : le sens que l’on met à tout cela, la connexion au vivant : quelle est la finalité, quelle contribution j’apporte aux autres, au monde même…


    Cette approche globale est, aujourd’hui, complètement présente dans mon activité : j’accompagne les transformations en partant du principe qu’il faut travailler sur trois angles indissociables : l’écoute de soi (un mode de vie sain), l’écoute des autres (un mode de vie harmonieux et relié) et l’écoute de plus grand que soi (un mode de vie respectueux et engagé). Avec mon associée, Hélène Clément, nous avons mis sur pieds un programme innovant de transformation, auprès des salariés et des managers, au travers d’une pédagogie inspirée des neurosciences, avec comme maître mot : la simplicité et l’action. Parce que dans toute entreprise engagée, il y a des salariés engagés ! »

     

    As-tu un exemple en particulier où ton expérience de Sportive de Haut Niveau, t’a aidé dans ton nouveau métier ? 

    « Un exemple de mise en pratique de mon expérience dans mon nouveau métier : les séminaires participatifs, que ce soit, en entreprise, en collectivité, ou bien encore, en démocratie citoyenne.  J’ai parfois été amenée à animer des réunions très tendues, avec des points de vue divergents, où les tensions se font sentir. Réussir à apaiser, à comprendre ces tensions, à fonctionner dans un milieu tendu…, le Sport à Haut Niveau, m’a aidé à éprouver les compétitions, les tensions, la préparation…l’enjeu est fort ! Et face à une situation tendue, avec beaucoup d’enjeux, je ne perds pas mes moyens. Au contraire, il y a un effet stimulant. Je suis sûre que cela vient de la pratique du sport. »

    Si tu pouvais rapprocher le management, aux comportements et valeurs dans le sport, qu’est-ce que tu ferais ressortir ? 

    « L’écoute. Car en boxe, c’est un sport où paradoxalement, on écoute tout le temps l’autre, on lit ses intentions, on est constamment en train d’essayer de détecter les micro-gestes, les micro-signes, pour savoir ce que l’autre va faire. Le seul moyen de performer dans la boxe, et d’évoluer, c’est d’être à l’écoute, et dans le management, finalement, c’est pareil, ce comportement est transposable. »

     

    Quels sont les apports du sport féminin, selon toi, pour la société ?

    « La boxe féminine a souvent été vue, comme un sport de démonstration, une « sorte de truc pas sérieux », en ouverture de vrais combats. Puis, on a assisté à des changements. Mon club, Panza Gym, club de boxe historique à Strasbourg, a été précurseur avec une équipe féminine exceptionnelle, en France, et de grandes championnes (encore aujourd’hui : Stéphanie Ducastel ; deux ceintures mondiales : WBF des super-plumes en 2017 et WBF des plumes en 2015).

    Je me suis entraînée avec les hommes, sans aucune différence de traitement. Aujourd’hui, les femmes boxeuses sont complètement reconnues. C’est important qu’une petite fille ait la possibilité de se construire, avec une palette de choix large, que ses choix ne soient pas réduits, dès le départ, par des constructions mentales limitantes. 

    Les images, la façon dont on nomme les choses, ont un impact sur les constructions mentales des enfants, nous devons en tenir compte : montrer des images de femmes qui boxent, de femmes cheffes d’orchestre…contribuera à apporter plus de diversité. Et la diversité, c’est la performance, tout le vivant est construit sur cette notion de diversité, il ne faut donc pas s’en priver ! »
    Propos recueillis par Mathilde Foesser et Anne-Sophie Paumier

    Plus d'actus :