Interview de Aurélie Bresson de la Fondation Alice Milliat

Nantes Montpellier 27/01/22
Interview de Aurélie Bresson de la Fondation Alice Milliat

En 2016, à moins de 30 ans, seule et en fonds propre, Aurélie Bresson a fait le pari fou de fonder Les Sportives, un magazine sportif au féminin unique et original, avec cette conception de la vie, du sport, de l’égalité et de la parité qu’elle défend. Les Sportives est aujourd’hui reconnu comme média de masse de référence et d’influence, bénéficiant d’une forte communauté.

Aurélie porte Les Sportives avec une équipe de salariés, de bénévoles, de militants, d’experts et de soutiens. Elle est reconnue comme une porte-parole du développement de la place des femmes dans le sport, confirmé par sa nomination en tant que Présidente de la Fondation Alice Milliat, première fondation européenne dédiée au sport féminin représentée au comité consultatif du conseil de l’Europe.

Aurélie est également enseignante conférencière et mentor. Elle faisait partie des experts digitaux du comité de candidature Paris 2024. En 2019, elle a reçu le prix des managers du sport dans la catégorie médias. Rencontre avec Aurélie Bresson.

 

Pourquoi avoir créé un média dédié aux femmes dans le sport ?

Cela faisait plusieurs années que j’observais mes amies évoluer dans leur pratique sportive, de haut-niveau ou amatrices. J’ai surtout été interpellé par les sacrifices que mes camarades étudiantes faisaient pour se consacrer à leur sport : un diplôme en 3 ans au lieu de 2 ans, pas de restaurant universitaire le midi, pas de soirées et convivialités étudiantes, par exemple.

Et puis tout au long de ma carrière professionnelle dans le sport, c’était redondant : le sport féminin n’intéresse personne, le sport féminin n’est pas visible, il est sous médiatisé, ou mal médiatisé, etc. Jusqu’au jour où je me suis demandais si dans tout cela, on demandait réellement l’avis aux sportives elles-mêmes. C’est ainsi qu’est né Les Sportives. Ce n’est pas La Sportive, mais bien Les Sportives, dans toutes leurs diversités, disciplines et sur tous les terrains. A l’époque, il existait bien 1 ou 2 sites internet ou blog qui relayaient les actualités, mais qui ne décollaient pas plus que cela.

Alors je me suis lancée dans la création d’un magazine papier spécifique entourée de personnes du milieu de la culture afin de réfléchir à comment sublimer les athlètes différemment. Mais c’est surtout le nom « Les Sportives » qui était (et l’est encore) percutant. Auparavant dans les moteurs de recherche le mot « sportives » renvoyait à des voitures ou encore à des stéréotypes « le top 10 des femmes sportives les plus sexy ». Maintenant le média Les Sportives est bien référencé, et surtout il donne la voix aux sportives elles-mêmes d’incarner des messages, de devenir des rôles modèles, de changer la société.

 

Pourquoi avoir accepté la présidence de la Fondation Alice Milliat ?

Je dois vous avouer que j’ai mis un peu de temps avant d’accepter. Pas pour des questions de légitimité, j’étais convaincue par les actions à mener et le rôle à jouer, j’avais déjà ma feuille de route. Mais pour des questions de temps ; gérer mon métier (je travaillais alors en agence de communication), gérer le média, ma vie associative, et accessoirement ma vie perso (rires). Finalement c’est apparu comme une évidence d’incarner le combat qu’Alice Milliat a mené. Et puis la fondation et son équipe ne m’étaient pas inconnu car ça faisait déjà 4 ans que nous œuvrions ensemble.

J’ai surtout accepté cette présidence par conviction que le sport féminin mérite un traitement différenciant dans le paysage sportif et surtout un écosystème économique qui lui est propre. A partir de là, avec la complémentarité et aussi dans la continuité de mon média, j’ai choisi de m’engager non plus aux côtés de la fondation, mais en son cœur.

 

Pouvez-vous nous en dire plus sur la Fondation Alice Milliat ?

La Fondation Alice Milliat est la première fondation européenne dédiée au sport féminin. Son crédo à la genèse était la médiatisation. Mais au-delà de la médiatisation, c’est rendre visible les invisibles qui prime, par quel moyen et support qui soit. Et ça commençait par Alice Milliat. Cette militante a permis aux femmes de participer aux Jeux Olympiques dans certaines disciplines sportives majeures. Sans son combat, on ne pourrait pas annoncer des Jeux paritaires à Paris en 2024. Il faudrait encore attendre 10 ou 100 ans je pense (rires).

Le fil conducteur de la Fondation Alice Milliat c’est de rendre ses lettres de noblesse à cette grande dirigeante, la première dans le sport qui a été « mis aux oubliettes » enterrée dans l’anonymat le plus complet. La Fondation a pour but de valoriser des projets, des initiatives en faveur du développement de la place de la femme dans le sport, et du sport dans la vie des femmes, de les fédérer et de les financer.

« Le sport féminin mérite un traitement différenciant dans le paysage sportif et surtout un écosystème économique qui lui est propre »

 

Quelles sont, selon toi, les clés pour parvenir à performer dans le Sport Business ?

Pour moi la clé c’est le réseau et c’est d’autant plus prouvé dans le sport. Il faut rappeler que le sport dans la vie de chaque individu commence dans un club ou à l’école, dans une dimension sociale avant tout : retrouver les copains-copines. Le Sport Business reste un réseau de personnes qui coopèrent, réseautent et font du business. Pour performer il faut s’entourer, s’appuyer de ressources humaines. C’est pourquoi c’est important d’être bénévole sur des évènements, des clubs pour construire ce réseau, et le transformer ensuite en business.

Surtout que dans le sport, j’ai le sentiment que tout est possible, il y a toujours à construire, innover, écrire des histoires, bâtir des nouvelles stratégies sur des terrains différents. La seconde clé pour moi, c’est de ne pas se mettre de barrière dans les envies, les projets, les collaborations.

« Ne pas se donner de limites »

 

Un message pour nos AMOSciennes dans le Sport Business ?

Le message que je souhaiterais passer va dans la suite de ma réponse précédente : ne pas se donner de limites ! C’est à dire, rêver, envisager, puis essayer, se planter, essayer encore ou essayer autre chose et finalement voir l’aboutissement. Ce qui est important, c’est de se faire confiance !

Article rédigée par Noémie Gibet, chargée de communication AMOS Nantes et Nadège Esteban, directrice d’AMOS Montpellier – Photo © Marie-Lopez Vivanco

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Un diplôme de niveau bac+5 est courant pour ce type de métier. Un bachelor associé à un master ou un Programme Grande École en 5 ans permet de développer des compétences diverses. En effet, en plus d’élargir ses connaissances sur le marché du sport, les étudiants se spécialisent dans le management, la communication et le marketing du sport.

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