• Isabelle Favre : La Drone de Dame

    Isabelle Favre : La Drone de Dame
    Isabelle réalise des études d’ingénieur à l’ENSEM. Elle travaillera 5 années dans la profession sans s’y épanouir, allant même jusqu’à s’endormir en pleine réunion ! Isabelle négocie son départ de l’entreprise et une formidable aventure commence … ou pas ! Fraîchement débarquée en Australie, les épreuves sont au rendez-vous : elle échappe par deux fois à la mort, se fait voler toutes ses affaires, subit une opération dans des conditions d’hygiène déplorable. Pourtant, elle persévère dans sa recherche de bien-être, de bonheur et de donner un sens à sens à sa vie, jusqu’à sa rencontre avec un Grand requin blanc qui changera définitivement le cours des évènements. Isabelle nous raconte.

     

    Isabelle, peux-tu te présenter ?


    Je m’appelle Isabelle Fabre, j’ai 33 ans. J’ai un diplôme d’ingénieur généraliste ENSEM et j’ai toujours été une passionnée de sport ! Autrefois, j’ai été gymnaste et judokate (ceinture noire). Aujourd’hui, je pratique des sports outdoor tels que le trail, le VTT, et le kitesurf !

     

    Comment passe-t-on d’ingénieure à pilote de drone professionnelle, influenceuse, globe-trotteuse, nomade digitale ? Qu’est-ce qui a motivé ton changement de vie professionnelle ?

    J’ai travaillé pendant 5 ans en tant qu’ingénieure dans une grande entreprise, et franchement, ce n’était pas pour moi. Je tournais en rond, j’y allais à reculons, je m’ennuyais. Je m’ennuyais tellement, qu’une fois, je me suis endormie en plein meeting !  Le souci… c’est que l’on était que deux en réunion ce jour-là ! Des anecdotes glorieuses dans ce genre, j’en ai des tas. Bref, ce boulot n’était pas fait pour moi, du coup, je n’étais pas bonne dans ce que je faisais. C’est un cercle vicieux, car quand on est mauvais dans son boulot, on se croit incapable de réaliser quoi que ce soit. Il y a 4 ans, j’ai finalement réussi à négocier une rupture conventionnelle et je suis parti en Australie, seule, espérant trouver de l’inspiration et un sens à ma vie en regardant des paysages, des couchers du soleil, des kangourous, je ne sais quoi…
    Franchement, ce n’était pas la meilleure de mes idées ! Partir seule au bout du monde quand on est dans une période assez négative de sa vie, c’est un coup à s’attirer que des ennuis !
    Le négatif attire le négatif comme on dit. J’ai voulu apprendre le kitesurf, j’ai marché sur un poisson pierre et j’ai failli y passer. Je me suis rapidement fait voler toutes mes affaires ainsi que mes clés de voiture et je me suis retrouvée sans rien. J’ai dû me faire opérer des yeux au milieu de nulle part, par un mec en tong et en boardshort, qui avait la flemme de mettre des gants. Mais, je ne me suis pas découragée. J’ai continué mon voyage, bien décidée de profiter à fond de ce qui devait être à la base « un break de 6 mois ». J’avais très peur de l’inactivité, peur de devenir toute molle et cela me rendait folle de ne rien faire.  Alors, j’ai commencé à m’intéresser à la photo, au drone, à la vidéo et aux blogs.  Si bien que, quand mon énième ennui est arrivé, j’étais prête à l’accueillir.

    Un jour, alors que je faisais du kitesurf en Australie, au milieu de nulle part, un énorme Grand requin blanc m’a foncé dessus. Il est arrivé sous moi, c’était l’angoisse ! J’ai vraiment vu dans son œil qu’il avait faim… Il était énorme. J’étais loin du bord. Le vent s’est arrêté. Je suis tombée à l’eau juste à côté de lui. C’était vraiment l’horreur, j’étais persuadée que j’allais mourir ce jour-là. Tout à fait par hasard, j’avais lancé le drone juste avant d’aller à l’eau. J’ai donc filmé toute la scène, en intégralité. L’Australie est un pays qui adore les vidéos de ce genre. Rapidement, la mienne est devenue virale. Mes réseaux sociaux ont explosé, les chaines de TV se déplaçaient pour me rencontrer, les radios m’appelaient en direct sans me prévenir, les magazines voulaient connaître mon histoire... c’était fou !  Et puis, je suis rentrée en France et les médias français ont pris le relai. Certains d’entre eux ont aimé ma façon d’être et c’est ainsi que je suis devenue chroniqueuse voyage pour 2 magazines et une chaine TV.

    Aujourd’hui je vie à 100% des réseaux sociaux et je vie bien. Je vends à mes clients des images et de la publicité ciblée en même temps. Les réseaux sociaux, c’est vraiment un outil magique qui vous permettra de gagner énormément en visibilité. Et pour peu que vous soyez agréable et sympa, les gens auront envie de travailler avec vous. Croyez-moi, cela m’a ouvert de nombreuses portes.

    D'ailleurs, c'est grâce aux réseaux sociaux que j'ai décroché mon premier contrat en tant que vidéaste : c'était pour la région Côte d'Azur il y a 3 ans ! Afin d'honorer mon contrat, j'ai décidé à ce moment-là de passer mon permis drone en autodidacte.

     

    Une fois que tu as pris ta décision de « tout lâcher », quelle a été la première étape ? Comment as-tu démarré ton activité de « nomade digitale » ?

    J'étais vraiment dans le flou à ce moment-là de ma vie. Je ne savais vraiment pas quoi faire. Alors, j'ai décidé de développer mes passions. Je me suis intéressée à la photo, à la vidéo, aux réseaux sociaux... j'ai même créé une petite marque textile dans le trail ! A l'époque, on parlait très peu des influenceurs, et je ne savais même pas que c'était un métier ! Je me suis vraiment donné le temps de développer mes passions et d'y mettre du cœur. Et puis un jour, je me suis rendue compte que je m'étais créé un métier sans m’en rendre compte. J'ai alors crée ma boite et c'était parti !

     

    Qu’est-ce que c’est, pour toi, être une nomade digitale ?


    Être nomade, pour moi, c'est surtout être libre. Libre de travailler d'où l’on veut mais aussi de faire tous les métiers que l'on désire. J'adore avoir plusieurs casquettes, ainsi je ne m'ennuie jamais !

     

    Sur ton site internet est noté en titre d’accroche « Voyager autour du sport !  » Quelle est la place du sport dans ton activité professionnelle ?

    Ma spécialité, c'est réaliser des vidéos ou reportages sportifs pour mettre en valeur des territoires.

    J'ai la chance de toucher à pleins de sports, d'être autonome et d'avoir tout le matériel : VTT, vélo route, escalade, canyoning, skate, roller, trail, alpinisme, planche à voile, kitesurf, paddle... Je suis ainsi en mesure de réaliser très facilement pour les territoires des vidéos de type multisports ! Je m'occupe de tout, ils n'ont rien à organiser.

    Parfois, je regrette de ne pas être blogueuse culinaire ! Car mine de rien, c'est parfois épuisant de grimper un sommet de nuit avec tout le matériel vidéo sur le dos pour finalement me rendre compte que le lever de soleil est moche ce jour-là. C'est plus facile de prendre en photo une assiette de frites !

     

    Qu’est ce qui te plait le plus dans ton train de vie ? Quels sont pour toi les avantages et les inconvénients ?


    Il y a quelque chose qui est vraiment essentiel pour moi : c'est la notion de progrès. J'aime sentir que je me dépasse chaque jour, que ça soit sportivement ou intellectuellement. J'aime me coucher en me disant que je suis une meilleure personne que la veille.

    Dans mon métier, j'ai la chance de toucher à de nombreux domaines différents : la vidéo, la photo, les réseaux sociaux, mes chroniques, ma marque de textile et même récemment mes voyages coaching avec mes abonnés ! Je suis sans cesse en train de me renouveler et j'adore cela !

    Les inconvénients, c'est clairement que je bosse beaucoup trop, que je suis toujours à fond et au bout d'un moment, je me fatigue. J'ai aussi beaucoup moins de temps pour m'entrainer que lorsque j'étais ingénieure. Cela surprend souvent les gens ! Je donne l'image d'une fille qui fait tout le temps du sport !

     

    Peux-tu nous parler de Trail Entre Elles ?


    Trail entre Elles, c'est une formidable aventure !

    C'est un groupe Facebook que j'ai créé alors que j'étais en Australie. Je voulais un espace privilégié pour les femmes afin que l'on puisse parler librement de problématiques féminines telles que les soutiens-gorge de sport, les règles pendant les compétitions... Rapidement, une vraie communauté s'est créée et les filles m'ont demandé de créer un moyen de reconnaissance, afin de se reconnaitre "en vrai". Voici comment ma marque textile est née !

    Les filles se repèrent avec les produits textiles, sympathisent, trouvent des copines d'entrainement, s'encouragent sur les trails… C'est vraiment sympa ! On n'est jamais vraiment seule quand on porte du "trail entre elles" !

    Ce groupe est vraiment plein de bienveillance...

    En lisant certains commentaires sur ton blog, il semble que certaines personnes se sentent inspirées par ton mode de vie et souhaitent à leur tour, tout quitter pour vivre de leur passion. Quels conseils souhaites-tu leur donner ?


    Oh il y aurait plein de choses à dire ! Je pense que le plus important, c'est de ne pas attendre d'avoir "la bonne idée" pour quitter un boulot qui ne vous convient pas. Moi, j'étais persuadée de ne pas être créative quand j'étais ingénieure. C'est très dur d'avoir des idées quand on est dans un contexte négatif.

    Ensuite, pas besoin d'avoir l'idée du siècle pour bien gagner sa vie. Il suffit d'être à l'écoute des autres.

    Tu me dis que tu ne trouves pas de maillot de bain adapté pour la pratique du kitesurf ? Tiens, je pourrais en créer un...

    Tu me dis que tu adores le surf et que tu hésites à changer de vie ? Tiens, je pourrais créer des cliniques spécialement pour les gens comme toi : du surf et des ateliers avec des personnes inspirantes...

    C'est sans fin ! Des idées comme cela, je pourrais en écrire 10 par jour. Et pourtant, il y a quelques années, j'étais incapable d'en trouver une seule.


    Propos recueillis par Angela Valente, chargée de communication AMOS Nice

     

     

     

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