• Lara ARMAS - Aux JO le volontaire n’est pas un jeu !

    Lara ARMAS - Aux JO le volontaire n’est pas un jeu !
    Vice-championne de France d’échecs en 2005 avec des participations au Championnat d’Europe et Championnat du Monde, Lara Armas s’est rapidement fait un nom sur l’échiquier mondial de l’évènementiel sportif. Pour cette échecphiliste aguerrie, le pion est l’âme du jeu d’échecs et le volontaire celle de l’évènementiel. De Sotchi à Rio en passant par Londres ou encore Lausanne, Lara a pris le virus olympique et coache professionnellement les « volontaires »  (bénévoles) des grands évènements mondiaux. Elle a déjà parcouru les quatre coins du globe pour vivre son métier- passion. Rencontre avec cette alumni AMOS Lille 2015 et véritable « globe trotter de l’évènementiel sportif ».

     

    Echecs et évènementiel : d’où viennent ces passions ?


    J’ai grandi dans une famille avec une mère allemande et un père roumain, qui se sont rencontrés sur un tournoi d’échecs. Mon père, joueur professionnel figurant parmi les meilleurs joueurs mondiaux, a eu l’idée avec ma mère de créer un « camping d’échecs » dans le Médoc. Ce lieu, fréquenté par de nombreux joueurs, m’a permis de gérer et créer mes premières compétitions de ce sport reconnu au Ministère de la Jeunesse et des Sports depuis 2000. C’est à ce moment que j’ai compris que je voulais travailler dans cet univers.

     

    Quelles  étapes de ton parcours t’ont permis de passer du camping familial aux Jeux Olympiques ?


    Lorsqu’est venue la réflexion de ma poursuite d’études, j’avais donc dans un coin de la tête ce côté évènementiel lié aux échecs… mais que vraiment faire de ma vie ? Cette orientation vers le sport est arrivée quand je me suis dit que la seule chose qui me faisait lever sans difficulté le matin, était mes cours de tennis !

    J’ai quand même  intégré une école de commerce à La Rochelle où j’ai eu l’opportunité de réaliser 2 stages : l’un dans une agence à Barcelone et l’autre à Puma en Allemagne. Lors de ce dernier stage, j’étais assistante évènementielle. Je pensais être beaucoup sur le terrain mais c’était très bureaucratique… Je n’étais pas convaincue  jusqu’au jour où j’ai rencontré une personne qui avait fait les JO de Londres en 2012. Cette dernière m’a expliqué les démarches pour candidater et quelque mois plus tard, j’arrivais à Sotchi pour les JO d’hiver.

     

    Et tu as enchainé avec une succession d’évènements internationaux !


    Après cette expérience, je savais que je voulais rejoindre AMOS Lille en 4ème année. J’ai effectué mon alternance chez Decathlon mais comme pour Puma, je ne m’y retrouvais pas. En arrivant à Lille, je pense avoir été au bon endroit au bon moment car l’Euro 2016 était organisé. Le comité d’organisation recherchait une Assistante Volontaires et j’ai été recrutée. C’est la première fois que je me suis dit « Waouh, c’est ça que je veux faire » !

    A la fin de l’Euro, j’ai postulé aux JO de Rio et j’ai été prise. Après cette expérience dans l’univers de la presse, j’ai rejoint une agence de marketing digital à Londres où je m’ennuyais un peu.

    Ensuite, j’ai rejoint les Jeux du Commonwealth en Australie en tant que Workforce Support Assistant (15 000 volontaires à gérer alors qu’à l’Euro, il n’y en avait « que » 6000 !).

    Se sont enchainées ensuite 2 autres expériences : j’ai été embauchée comme Coordinatrice du programme volontaire pour la Coupe du Monde féminine de football en France puis j’ai rejoint la Suisse pour assister l’équipe d’Australie aux Jeux Olympiques de la Jeunesse à Lausanne.

    Aujourd’hui, j’attends impatiemment Roland Garros puisque ce sera le prochain évènement sur lequel je travaillerais !

     

    En quoi consiste ton rôle de Coordinatrice Programme Volontaire sur ces évènements ?


    Pour expliquer, je vais prendre l’exemple de la Coupe du Monde féminine de football et notamment à Nice. Dans cette ville où la population est portée sur le tourisme et les loisirs, personne n’était au courant qu’il y allait avoir cette compétition.

    Il a donc fallu expliquer la nature de cet évènement, les dates et que l’on recherchait du monde pour organiser les matchs. Une des premières missions de ce poste de coordinatrice a été donc en lien très étroit avec la communication. Il faut réfléchir aux endroits et évènements sur lesquels il est possible de présenter le programme volontaire (forum des associations, parvis de l’OGC Nice les soirs de matchs, etc.)

    La deuxième phase correspond aux candidatures des bénévoles. Nous réalisons les premiers entretiens, expliquons ce qu’il est possible de faire… nous recherchons surtout la motivation.

    Si je fais un aparté sur l’Euro 2016, beaucoup de gens pensaient voir les matchs sans payer : c’est donc ici où il faut savoir identifier la vraie motivation de la mauvaise.

    Ensuite apparaît le moment fatidique de la sélection. Sur 1000 candidats, il faut en retenir 300.

    Enfin, nous sommes sur la planification (autant de volontaires médias, autant dans l’univers marketing, etc.).

    Bien évidemment, lorsque l’évènement est lancé, la phase opérationnelle arrive avec la gestion des soucis au quotidien. Il faut faire en sorte que les volontaires soient là au bon moment et au bon endroit… Quand un bénévole donne de son temps et que nous n’avons pas besoin de lui, c’est extrêmement frustrant pour lui. Il est de l’or à l’état physique et il faut le préserver.

     

    Justement, n’est-il pas plus complexe de gérer des bénévoles que des salariés ?


    Si je répondais du tac au tac, ma réponse pourrait être oui. En creusant la réflexion un minimum, je vais dire non et pour une raison toute simple : les bénévoles sont dans le don de leur temps.  Ce sont des personnes aussi sympathiques qu’ouvertes. Les relations sont authentiques et cela procure énormément de plaisir.

    Après oui, ce n’est pas toujours de tout repos. Certains abandonnent le temps que d’autres font des erreurs… il y a des contrecoups. Toutefois, n’en existe-t-il pas avec des salariés ?

     

    Quel souvenir te vient en tête lorsque tu penses à tes différentes expériences ?


    J’ai assisté à la cérémonie des Jeux paralympiques de Sotchi 2014 au stade olympique Ficht. Pendant plus d’une heure et demie, j’ai eu des frissons et une envie de pleurer. Je me suis dit que j’étais en train d’assister à un moment historique avec un grand H, que ces athlètes méritaient encore plus d’être mis en lumière… et c’était aussi mon premier évènement de cette ampleur !

     

    A l’inverse, as-tu vécu une expérience moins positive ?


    Les Jeux du Commonwealth en Australie ont été assez compliqués… Je n’ai fait que répondre à des mails derrière un ordinateur. Il n’y avait pas réellement de contacts physiques avec d’autres personnes. Aussi, d’énormes problématiques ont été rencontrées au niveau de la logistique avec des soucis de bus, de transferts… Pas une réelle partie de plaisir donc !

     

    Après Roland Garros, sur quel évènement ambitionnes-tu d’être ?


    Mon objectif numéro 1 reste les Jeux Olympiques de Paris après Roland Garros cette année.

    En attendant d’avoir les réponses pour 2024 et parce que j’aime énormément ce secteur, je me suis lancée dans l’économie verte car de nombreuses valeurs me tiennent à cœur. Je travaille en étroite collaboration avec la société autrichienne Ringana, qui développe des produits éthiques et bios.

     

    Enfin, quels conseils donnerais-tu aux AMOSciens lillois ?


    Je me suis rendu compte que le volontariat a été le point de départ de ma carrière dans l’évènementiel sportif. Jamais je n’y aurais cru mais finalement, c’est ce qu’il s’est passé. Il faut agir et dire oui aux opportunités même si de prime abord, il n’y a pas grand-chose à gagner.

    Sur chaque évènement, j’ai rencontré une personne qui m’a ouvert les portes d’un autre évènement. C’est de cette façon que je suis passé des Jeux de Sotchi, à ceux de Rio, à ceux du Commonwealth… C’est ce qui fait la richesse et la beauté de cet univers !

     
    Propos recueillis par Thibaut Huvelle, directeur adjoint AMOS Lille

     

    Plus d'actus :