• L’expérience sportive et un management de haut niveau

    L’expérience sportive et un management de haut niveau
    Audrey Sauret, 39 ans, possède l’un des plus beaux palmarès du basket féminin français : huit fois championne de France avec les clubs de Valenciennes et de Bourges, elle a également remporté quatre Coupes de France et un titre de championne d’Europe, avec les Bleues, en 2001. 

    A Charleville-Mézières, elle fut la première femme à devenir manager d’un club de basket-ball professionnel. Désormais manager depuis deux ans au club de Nantes Basket Hermine, club professionnel évoluant en pro B. Elle nous présente son nouveau défi de fan expérience et de la différence entre le championnat français et Américain.

    « Le sport en général a beaucoup évolué, de nouvelles infrastructures ont vu le jour et le club du Nantes Basket Hermine a attendu très longtemps après s’être battu pour la construction de cette nouvelle Arena (ndlr la Salle sportive métropolitaine de la Trocardière). Son fonctionnement et l'exploitation sont exigeants. Sans cette enceinte de qualité il serait difficile aujourd'hui de promouvoir un événement spectaculaire comme le réclame le haut niveau.  Cette salle sportive métropolitaine est un équipement qui constitue une richesse nouvelle et une opportunité de qualité.

    Après il faut savoir l’exploiter, et trouver les équilibres financiers dans sa gestion. Le sport désormais est très demandeur, notamment le basket qui est une discipline avec des temps forts (le jeu) mais aussi beaucoup de temps faibles (les temps d’arrêt). Et c’est une force du basket qui donne des matchs courts mais avec une grande possibilité d’animation »

     

    Le basket US est un autre monde…


    « La difficulté pour le basket est la sempiternelle comparaison avec les Américains. La culture sportive comme les moyens financiers sont très éloignés entre la France et les USA. Le même spectacle et engouement n’est pas encore atteignable dans l’hexagone.

    Aux États-Unis, l’approche est complétement différente. Il n’y a pas de montée/descente dans les franchises qui sont des ligues fermées où toutes les équipes demeurent en fin de saison. S’ils ont des partenariats privés fidèles les clubs appartiennent à des propriétaires privés qui investissent. Le fonctionnement économique est différent et les approches comme les habitudes aussi du sport. Quand l’américain va dans une salle de sport, il a un regard différent et l’univers de la salle aussi. En France nous vivons vraiment par rapport à l’émotion du résultat, nos envies et à notre taux de remplissage de salle, notre notoriété. Convaincre des partenaires d’adhérer à un projet en France dépend trop encore des résultats sportifs qui sont ce que l’on maîtrise le moins.

    Avec un modèle économique différent !


    Je reste persuadée que les Américains sont les meilleurs dans tout ce qui concerne l’animation étant les vrais exemples de ce qui se fait de mieux dans le basketball. Mais ils sont aussi dans cette culture du spectacle et de la convivialité dans et autour du match. Le modèle économique le permet mais pas le marché français, notre marché est beaucoup plus réduit et l’on revient sur le problème des ressources et de la diversité des sources économiques. Aujourd’hui trouver un bon groupe de danse pour animer la mi-temps coûte ce qui est le cas aux USA aussi mais avec d’autres sources de financement. Toute animation de qualité coûte cher et à un moment donné il faut faire des choix stratégiques par rapport au budget qui n’est pas extensible »

     

    Apprendre à faire avec l’aléa sportif


    « Bien sûr lorsqu’on recrute -même s’il y a des frustrations pour les joueurs- une vraie incertitude demeure inhérente au sport : l’aléa du résultat.

    Dans le sport si on maîtrisait ce paramètre, nous n’aurions plus d’intérêt car il y aurait une négation du sport lui-même quelque part et donc on essaye de le relativiser. Mais malheureusement il y a encore beaucoup de gens qui sont focalisés uniquement sur le résultat et cela influe sur le fait de s'engager ou non, et de suivre ou non une équipe de basket en France. La culture du fan est encore naissante. Elle est une réponse car elle dépasse le seul résultat sportif pour privilégier l’ambiance, le vivre ensemble ce qui existe aux USA dans les faits. »

    Le NBH joue la Fan Expérience pour fidéliser


    « Le NBH va dans le sens du changement. Il aménage le terrain pour amener des présentations, des prestations de différents standing à nos partenaires. Cela étant, le but n'est pas d'avoir une sensation de traitement de faveur, il faut juste à un moment donné savoir jouer sur différents degrés de prestations.

    Il y a aussi de la proximité terrain parce que l’expérience client dépasse le seul résultat doit s’articuler autour du sport qu'on est en train de promouvoir. Regarder un match des tribunes ou le regarder à quelques centimètres du parquet n'est pas du tout la même sensation. Il y a donc vraiment un impact tant sur l'aspect physique que sur l'aspect qualité technique. Et puis l’objectif au niveau de l'installation est de continuer petit à petit à proposer de nouvelles prestations, comme avec l’exemple de UGC. Nous avons mis à disposition des sièges cinéma au bord du terrain pour que le partenaire ressente l’émotion du match au plus près. On propose également une petite présentation d'avant match où les spectateurs ont aussi un salon privatif.  On innove avec des soirées à thème. Cette année on proposera un « match éco » lors duquel sera mis en place un évènement autour de l'écologie. On a aussi ciblé un match étudiant pour essayer d'attirer ce public car aujourd'hui il faut mettre en place des animations spécifiques pour pouvoir attirer du monde. Il est encore difficile sur 19 matchs de solliciter les mêmes personnes, mais en revanche il faut parvenir à en solliciter suffisamment pour avoir un renouvellement et se diversifier afin de remplir la salle. L'idée est d'amener ce public nouveau en complément du public supporter de basket qui, lui, vivra plus au rythme du résultat sportif. C’est la fan expérience. »

     
     Propos recueillis par Elliot Tekpor, chargé de communication et développement AMOS Nantes

     

     

     

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