• Nos différences font nos forces !

    Nos différences font nos forces !
    Ophélie DAVID est l’une des pionnières du ski cross mondial. Cette Franco-Hongroise a en effet disputé la première coupe du monde de cette discipline, elle a également remporté 4 fois la compétition phare : les Winter X Games, et elle compte de nombreux podiums mondiaux, ce qui fait d’Ophélie DAVID une réelle championne de ce sport. Elle a partagé avec les AMOSciens son expérience atypique d’athlète de haut niveau, le temps d’un afterwork.

     

    Quand avez-vous commencé le ski cross ?


    « Nous avions un chalet à l’Alpe d’Huez, c’est donc là-bas que j’ai commencé à skier, j’ai démarré par le ski alpin puisque le ski cross n’existait pas encore. Grâce à mon niveau et à ma double nationalité, j’ai pu participer aux Jeux Olympiques de Lillehammer à seulement 17 ans. Mais lors d’un voyage aux Etats-Unis j’ai découvert le ski cross par le biais du Pro Tour, où il fallait skier en parallèle, j’ai eu tout de suite le coup de foudre pour cette adversité et cette obligation d’être meilleure que sa concurrente. Cela m’a provoqué des sensations uniques, comme quand on va à Luna Park, et donc lorsque le ski cross est apparu en Europe, par l’intermédiaire des courses organisées par Saab et Salomon, nommées « Sab Salomon CrossMax », j’ai tout de suite adhéré. »

    Comment se sont déroulés les débuts du ski cross professionnel ?


    « Au départ il n’y avait pas d’équipe de France dans cette discipline, il existait des teams professionnelles, comme dans le cyclisme, et donc nous nous organisions entre nous pour nous entraîner. Je me suis beaucoup entraînée dans l’hémisphère sud, notamment en Argentine, où j’avais la chance de pouvoir emmener ma fille, Lilou, avec moi. Même si c’était un peu le « far west », car tout n’était pas cadré, nous avons vécu des moments uniques et qui ont été très enrichissants. Cependant, je ne pouvais pas vivre de mon sport, j’étais alors monitrice dans le ski club de l’Alpe d’Huez l’hiver, et animatrice de stage multi-activités l’été. Ensuite, je suis allée en équipe de France, c’était plus cadré, et donc je ne pouvais plus emmener Lilou, mais je pouvais vivre du ski cross. En à peine 2-3 ans, mes partenaires et les primes de course m’ont permis de vivre correctement de ma passion. »

    Vous évoquez votre fille Lilou que vous avez eue à 23 ans, cela n’a pas été trop compliqué de gérer la vie de maman et celle d’athlète de haut niveau ?


    « En effet, j’étais considérée comme trop jeune pour être maman, mais pour moi, c’était le bon moment. J’ai comme philosophie de vie de considérer nos différences comme des forces, et celle-ci a été une source de détermination incroyable car dès que je partais en compétition, c’était dans le but de performer, et donc de ne pas laisser ma fille pour « rien ». »

    Quelle a été votre plus grande réussite dans cette discipline ?


    « Il y en a eu plusieurs, mais celle qui m’a le plus marquée, c’est en 2007, lorsque je gagne les X Games et que l’on réalise le triplé français, avec Valentine SCUOTTO et Méryll BOULANGEAT, c’était magique de gagner sur le territoire américain et de prouver que la France avait un grand avenir dans le ski cross ! »

    Quel a été votre plus grand regret ? Et comment viviez-vous les échecs ?


    « J’estime que tout sportif doit connaître la cruauté d’une défaite pour apprécier la beauté d’une victoire. Certains échecs nous permettent de progresser et de nous faire grandir, mais d’autres nous font mal, tout simplement. Le plus grand regret de ma carrière a été les JO de Vancouver en 2010, car j’ai chuté lors des quarts de finale, et donc je n’ai pas pu défendre mes chances jusqu’au bout. Cela a été une déception très dure à accepter, mais cela m’a permis de devenir la femme que je suis aujourd’hui. »

    Que vous a apporté le sport sur le plan humain ?


    « Le sport est à la fois un univers de confiance et de fierté, mais aussi un univers d’humilité car tous les sportifs ont connu l’échec, les blessures et tout le monde est conscient que tout peut basculer du jour au lendemain. C’est pourquoi j’ai rencontré un très grand nombre de personnes généreuses, j’ai eu la chance d’échanger avec de nombreux sportifs, comme Thierry OMEYER (Handball) ou Paul-Henri MATHIEU (Tennis), par exemple. Dans l’univers du ski « acrobatique », j’ai beaucoup d’amis, mais deux personnes me sont particulièrement chères : Fanny SMITH et Marie MARTINOD. Je me retrouve beaucoup dans Marie car elle a eu aussi un parcours atypique, elle était également maman et athlète, et toutes les deux, nous avons su écouter notre cœur plutôt que notre raison pour continuer à pratiquer notre passion. »

    A la fin de votre carrière, il y avait une très forte différence d’âge entre vous et vos adversaires, comme la viviez-vous ?


    « C’est vrai qu’il y avait un fort gap d’âge entre mes concurrentes et moi, certaines avaient 20 ans de moins. Cela a été parfois difficile car j’ai été plusieurs fois victime d’âgisme, c’est-à-dire que certains contrats m’ont été refusés à cause de mon âge, mais j’ai toujours su en tirer un avantage. Comme je le disais précédemment, nos différences font nos forces, et donc mon âge me permettait d’avoir de l’expérience et d’être stratège dans certaines situations où j’ai pu tirer mon épingle du jeu. Cela a été le cas lors de mes derniers championnats du monde en Sierra Nevada, à l’âge de 40 ans, où je termine 3ème. »

    Pouvez-vous nous parler de votre reconversion professionnelle ?


    « A la suite de ma carrière, j’ai créé une entreprise d’évènementiel intitulée Ose! , dans laquelle je m’épanouis pleinement, puisque j’organise des événements pour les jeunes comme les « Ofé X Day » à l’Alpe d’Huez. J’organise aussi des événements pour les personnes plus âgées, ou handicapées, comme des championnats de ski augmenté, dont le principe est de skier avec des exosquelettes pour soulager les articulations et la fatigue musculaire. Parallèlement à cela, j’ai eu la chance de collaborer dans la cellule environnementale pour la candidature des JO de Paris 2024, et j’ai également pu participer aux JO de la Jeunesse à Lausanne en janvier dernier en tant que cheffe de mission pour la délégation française : ce fut une très belle révélation pour moi ! »

    Vous parlez de l’environnement dans les JO de Paris 2024, quelle est la place du développement durable dans votre vie ?


    « Je pense que lorsque l’on est sportif outdoor, on est obligatoirement sensible à la préservation de l’environnement, puisque la nature est notre terrain de jeu. C’est pourquoi je suis membre de l’association « Du flocon à la vague », qui a pour objectif de protéger l’eau et l’air. Ensuite, il est important d’avoir une alimentation locale et de saison. J’ai notamment beaucoup appris aux côtés de chefs étoilés lors du « Challenge des Chefs », et j’estime que lorsque l’on organise un évènement sportif ou lorsqu’on lance une marque, il est indispensable d’avoir une démarche écologique. »

    Pouvez-vous nous parler de vos deux autres passions : le vélo et le trail ?


    « C’est vrai que je suis une passionnée des sports outdoor ! Le vélo, j’ai commencé à l’Alpe d’Huez, avec le VTT, où j’ai participé à de nombreuses compétitions estivales, dont des coupes d’Europe. Cela me procurait des sensations similaires à celles du ski cross, avec beaucoup d’adrénaline, mais à la suite d’une triple fracture à la cheville, j’ai dû mettre un terme à ma carrière de VTTiste. Maintenant, je roule sur route en compagnie de mon mari. Nous participons à des courses dans lesquelles nous dépassons nos limites, comme des ultra-cycling (environ 700km), et j’ai pour objectifs de réaliser, l’année prochaine, le Tour du Mont-Blanc et le BikingMan Corsica. En ce qui concerne le trail, je suis un peu plus novice. J’aime bien me challenger, comme lors du trail de l’Uomo di Cagna, au-dessus de Bonifacio, où j’ai terminé sur le podium, ce qui fut une très grande fierté ! Et je ne compte pas m’arrêter là car j’ai prévu de faire la Diagonale des Fous ! »

     Auriez-vous un conseil à donner aux AMOSciens ?


    « Vivez vos rêves et soyez unique ! Le sport est une manière d’exister, un espoir d’être meilleur demain, et donc lorsque l’on a un rêve en tête, on est inarrêtable. Alors, allez au bout de vos rêves et n’essayez pas de ressembler à un modèle, soyez vous-même, suivez votre voie ! »

     


    Propos recueillis par Anne-Charlotte Meyer

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