Tour de France – Chloé : « Un événement extraordinaire avec une proximité unique entre champions et supporters »

Arnaud RIETSCH Directeur Basket Center
A 31 ans cet homme du rebond ce qui est naturel pour ce basketteur se rêvait à 5 ans au plus haut niveau comme tous les garçons de son âge. Joueur en championnat de France dans les catégories jeunes, membre du Pôle Espoirs dans la Bas Rhin notre alsacien se résout au choix cornélien de privilégier sa formation avec un BTS en management puis un Master en commerce et marketing au CNAM. A défaut de réaliser un Dunk mémorable Arnaud choisira le côté business du panier pour en faire commerce. D’abord en alternance dans une zone de loisirs proche de Strasbourg où il a conjugué très tôt sports et commercialisation, tels le mini-golf version fluo synonyme de loisirs ou encore le Laser Games pour au final devenir le responsable de ce parc. Parcours sans faute auquel il ajoute une aventure inédite dans le pilotage d’un nouveau concept d’équipement sportif, le 1er en France appelé à se multiplier quel que soit le sport : mais ici c’est le Basket qu’on se le dise !
Quel est le moteur de votre carrière ?
« Sans hésitation aucune, le sport et le commerce sont les deux passions dont je constate avec plaisir qu’elles sont au cœur de votre Ecole. C’est ce qui me guide depuis le début et dont les acquis me servent aujourd’hui dans le management sportif. Les années passées à ProwebCE où j’ai travaillé avec les Comités d’Entreprises que ce soit dans le Grand Est ou à Aix en Provence m’ont permis de développer une culture du partenariat qui est également la force du concept Basket Center. A partir de mon expérience professionnelle au « Soccer Park » à Strasbourg (groupe LE FIVE) je me suis familiarisé avec ces pratiques nouvelles en plein essor qu’il s’agisse du sport en entreprise, du Padel-Tennis ou encore du foot à 5, l’exemple pionnier né hors de l’univers fédéral. Autant de pratiques en vogue chez les jeunes mais pas que dont il faut faciliter l’accès tout en assurant une performance économique. »Comment êtes-vous devenu Directeur du « Basket Center » ?
« J’ai toujours gardé dans un coin de ma tête l’envie de travailler dans le basket, mais sans savoir précisément comment. Curieusement la période de confinement m’a été utile pour donner des contours précis à ce qui était flou quand j’ai découvert qu’un projet de centre de basket pour tous avait mûri il y a 5 ans sous la houlette de son initiateur, Denis Oehler le président du Comité Départemental (CD67) du basket du Bas Rhin. Après mon expérience de gestion du centre Soccer Park, j’ai été recruté en septembre 2020 comme Directeur du Développement du basket au sein du CD67 ayant une expérience en commerce, marketing et management jugée intéressante par les élus. Après réflexion, c’était une décision presque naturelle et c’est un plaisir de retrouver le monde de la balle orange. »
Quel est le business model de ce « Basket Center »?
« A la fois simple et audacieux ! Simple parce qu’il est né de la réponse à apporter aux amateurs de basket comme aux professionnels et audacieux parce qu’il en fallait pour que le monde fédéral prenne acte de la nouvelle ère dans laquelle le sport était entré et sans se renier. Ce nouveau business model de l’équipement sportif est donc le fruit de deux éléments décisifs : la prise de conscience fédérale des évolutions qui affectent son sport sous toutes ses formes comme le « 3 contre 3 » qui sera olympique à Tokyo et Paris. Et qu’il faut pouvoir accueillir, sans le restreindre aux seuls licenciés. En second lieu, il fallait reconnaître la nécessité d’un partenariat ouvert pour assurer le financement (investissement et fonctionnement) au-delà des seules subventions publiques en régression durablement. Le projet s’élève à 5 millions € HT répartis entre 3 banques, la Région Grand Est, le Département, la ville de Strasbourg et 500.000 € venant de l’Agence Nationale du Sport. Le Département, la Ville et la Région recourent à la location pour leurs publics. Les bénéfices de la gestion permettront au CD67 de continuer à mener des actions et à développer le basket Bas-Rhinois sous toutes ses formes. Dans le même temps le complexe bénéficie d’un sponsoring de la société Eberhardt à Strasbourg, premier sponsor officiel. Auquel s’ajoute un mécénat américain de la fondation Timken de 80.000 dollars et un financement participatif. De nombreuses autres entreprises proches de nos valeurs devraient rejoindre l’aventure d’ici l’ouverture prévue à la rentrée 2021. »Quels sont ses atouts ?
« Le Basket Center est un projet innovant qui permet de proposer une offre sur mesure où tout le monde y trouvera son compte. L’objectif est d’en faire un véritable lieu de vie sur Strasbourg. D’une surface de 3000 m2 situé sur une artère très passante de l’Eurométropole de Strasbourg et en face du stade de la Meinau, ce complexe sportif est destiné à ceux qui veulent pratiquer le basket bien sûr, mais aussi l’escalade, le badminton, le volley tant pour les scolaires, les clubs, les entreprises ou le grand public. Le principe de l’accès passe par une location des terrains à l’heure. Un restaurant géré par le CD67 complète une offre très diversifiée avec une salle de préparation physique, un espace bien-être, un Proshop et un espace anniversaires pour les enfants. Les modules de préparation physique sont ceux de la célèbre TP Academy à Lyon (société Zainok de Stéphane Risacher). Nous venons également de signer avec la société NGTV Expérience qui permettra aux joueurs de retrouver la vidéo de leur match directement au restaurant mais aussi en ligne. Un partenariat avec Ekinsport et Nike va également être annoncé dans les prochains jours, ces choix permettront, on l’espère, d’offrir une expérience unique aux utilisateurs.
Quelle est la place du Comité et de la Ligue de Basket ?
« Le Basket Center accueillera également le personnel du CD67 et l’antenne Alsace de la Ligue Grand Est au nombre de 15 salariés. Le comité du Bas Rhin est le 5ème de France avec 94 clubs et 15.000 licenciés : il est soutenu par la FFBB particulièrement ouverte aux évolutions de son sport et désireuse de s’engager dans de nouvelles pratiques comme l’e-sport. Enfin parmi ses innovations le Basket Center privilégie le Développement Durable avec une toiture végétalisée, des panneaux photovoltaïques et un projet de potager destiné au restaurant du complexe. Tous ces atouts du premier équipement sportif de ce type en France sont le fruit du mouvement sportif et des acteurs territoriaux publics comme privés. Ce nouveau modèle d’équipement présente des opportunités pour vos étudiants ayant déjà commencé à travailler avec Mathilde Foesser la directrice du campus alsacien. Des projets communs de développement avec un partenariat avec AMOS contribuerait au renouveau du modèle sportif et économique avec l’accès à de nouveaux métiers issus de ces équipements d’avenir »
Articlé rédigé par Alain ARVIN-BEROD, directeur du Conseil de Perfectionnement et des Publications AMOS Group. Parution dans Sport Stratégies n°661 du 15 au 21 février 2021.
Arnaud RIETSCH Directeur Basket Center
A 31 ans cet homme du rebond ce qui est naturel pour ce basketteur se rêvait à 5 ans au plus haut niveau comme tous les garçons de son âge. Joueur en championnat de France dans les catégories jeunes, membre du Pôle Espoirs dans la Bas Rhin notre alsacien se résout au choix cornélien de privilégier sa formation avec un BTS en management puis un Master en commerce et marketing au CNAM. A défaut de réaliser un Dunk mémorable Arnaud choisira le côté business du panier pour en faire commerce. D’abord en alternance dans une zone de loisirs proche de Strasbourg où il a conjugué très tôt sports et commercialisation, tels le mini-golf version fluo synonyme de loisirs ou encore le Laser Games pour au final devenir le responsable de ce parc. Parcours sans faute auquel il ajoute une aventure inédite dans le pilotage d’un nouveau concept d’équipement sportif, le 1er en France appelé à se multiplier quel que soit le sport : mais ici c’est le Basket qu’on se le dise !
Quel est le moteur de votre carrière ?
« Sans hésitation aucune, le sport et le commerce sont les deux passions dont je constate avec plaisir qu’elles sont au cœur de votre Ecole. C’est ce qui me guide depuis le début et dont les acquis me servent aujourd’hui dans le management sportif. Les années passées à ProwebCE où j’ai travaillé avec les Comités d’Entreprises que ce soit dans le Grand Est ou à Aix en Provence m’ont permis de développer une culture du partenariat qui est également la force du concept Basket Center. A partir de mon expérience professionnelle au « Soccer Park » à Strasbourg (groupe LE FIVE) je me suis familiarisé avec ces pratiques nouvelles en plein essor qu’il s’agisse du sport en entreprise, du Padel-Tennis ou encore du foot à 5, l’exemple pionnier né hors de l’univers fédéral. Autant de pratiques en vogue chez les jeunes mais pas que dont il faut faciliter l’accès tout en assurant une performance économique. »Comment êtes-vous devenu Directeur du « Basket Center » ?
« J’ai toujours gardé dans un coin de ma tête l’envie de travailler dans le basket, mais sans savoir précisément comment. Curieusement la période de confinement m’a été utile pour donner des contours précis à ce qui était flou quand j’ai découvert qu’un projet de centre de basket pour tous avait mûri il y a 5 ans sous la houlette de son initiateur, Denis Oehler le président du Comité Départemental (CD67) du basket du Bas Rhin. Après mon expérience de gestion du centre Soccer Park, j’ai été recruté en septembre 2020 comme Directeur du Développement du basket au sein du CD67 ayant une expérience en commerce, marketing et management jugée intéressante par les élus. Après réflexion, c’était une décision presque naturelle et c’est un plaisir de retrouver le monde de la balle orange. »
Quel est le business model de ce « Basket Center »?
« A la fois simple et audacieux ! Simple parce qu’il est né de la réponse à apporter aux amateurs de basket comme aux professionnels et audacieux parce qu’il en fallait pour que le monde fédéral prenne acte de la nouvelle ère dans laquelle le sport était entré et sans se renier. Ce nouveau business model de l’équipement sportif est donc le fruit de deux éléments décisifs : la prise de conscience fédérale des évolutions qui affectent son sport sous toutes ses formes comme le « 3 contre 3 » qui sera olympique à Tokyo et Paris. Et qu’il faut pouvoir accueillir, sans le restreindre aux seuls licenciés. En second lieu, il fallait reconnaître la nécessité d’un partenariat ouvert pour assurer le financement (investissement et fonctionnement) au-delà des seules subventions publiques en régression durablement. Le projet s’élève à 5 millions € HT répartis entre 3 banques, la Région Grand Est, le Département, la ville de Strasbourg et 500.000 € venant de l’Agence Nationale du Sport. Le Département, la Ville et la Région recourent à la location pour leurs publics. Les bénéfices de la gestion permettront au CD67 de continuer à mener des actions et à développer le basket Bas-Rhinois sous toutes ses formes. Dans le même temps le complexe bénéficie d’un sponsoring de la société Eberhardt à Strasbourg, premier sponsor officiel. Auquel s’ajoute un mécénat américain de la fondation Timken de 80.000 dollars et un financement participatif. De nombreuses autres entreprises proches de nos valeurs devraient rejoindre l’aventure d’ici l’ouverture prévue à la rentrée 2021. »Quels sont ses atouts ?
« Le Basket Center est un projet innovant qui permet de proposer une offre sur mesure où tout le monde y trouvera son compte. L’objectif est d’en faire un véritable lieu de vie sur Strasbourg. D’une surface de 3000 m2 situé sur une artère très passante de l’Eurométropole de Strasbourg et en face du stade de la Meinau, ce complexe sportif est destiné à ceux qui veulent pratiquer le basket bien sûr, mais aussi l’escalade, le badminton, le volley tant pour les scolaires, les clubs, les entreprises ou le grand public. Le principe de l’accès passe par une location des terrains à l’heure. Un restaurant géré par le CD67 complète une offre très diversifiée avec une salle de préparation physique, un espace bien-être, un Proshop et un espace anniversaires pour les enfants. Les modules de préparation physique sont ceux de la célèbre TP Academy à Lyon (société Zainok de Stéphane Risacher). Nous venons également de signer avec la société NGTV Expérience qui permettra aux joueurs de retrouver la vidéo de leur match directement au restaurant mais aussi en ligne. Un partenariat avec Ekinsport et Nike va également être annoncé dans les prochains jours, ces choix permettront, on l’espère, d’offrir une expérience unique aux utilisateurs.
Quelle est la place du Comité et de la Ligue de Basket ?
« Le Basket Center accueillera également le personnel du CD67 et l’antenne Alsace de la Ligue Grand Est au nombre de 15 salariés. Le comité du Bas Rhin est le 5ème de France avec 94 clubs et 15.000 licenciés : il est soutenu par la FFBB particulièrement ouverte aux évolutions de son sport et désireuse de s’engager dans de nouvelles pratiques comme l’e-sport. Enfin parmi ses innovations le Basket Center privilégie le Développement Durable avec une toiture végétalisée, des panneaux photovoltaïques et un projet de potager destiné au restaurant du complexe. Tous ces atouts du premier équipement sportif de ce type en France sont le fruit du mouvement sportif et des acteurs territoriaux publics comme privés. Ce nouveau modèle d’équipement présente des opportunités pour vos étudiants ayant déjà commencé à travailler avec Mathilde Foesser la directrice du campus alsacien. Des projets communs de développement avec un partenariat avec AMOS contribuerait au renouveau du modèle sportif et économique avec l’accès à de nouveaux métiers issus de ces équipements d’avenir »
Articlé rédigé par Alain ARVIN-BEROD, directeur du Conseil de Perfectionnement et des Publications AMOS Group. Parution dans Sport Stratégies n°661 du 15 au 21 février 2021.
Cyrille BOULONGNE - Conseiller du Préfet de Région Normandie
Crédit photo : Cyrille Boulongne DTN de la FF de Volley-Ball lors des JO de Rio de Janeiro en 2016, ayant été lui-même joueur et entraîneur professionnel, Cyrille Boulongne-Evtouchenko est tombé très jeune dans le sport avec notamment un grand-père paternel, Yves- Pierre, rescapé de Buchenwald, qui demeure aujourd’hui encore une référence dans l’olympisme grâce à ses travaux sur la vie et l’œuvre de Pierre de Coubertin. Après un DEA de sociologie à l’EHESS sur les valeurs de l’olympisme (ce qui allait de soi), Cyrille passe 15 années dans le mouvement sportif entre l’ANOF (Académie Nationale Olympique Française), le CNOSF (Comité National Olympique Français), et la Fédération Française de Volley, expériences qui lui ont permis de connaître non seulement les arcanes et les jeux d’acteurs de cet univers mais aussi d’en maîtriser les indicateurs sportifs et sociétaux dans un contexte en pleine mutation. Après les jeux de Rio, il a choisi de prendre du recul et de réorienter sa carrière dans le champ social pour devenir aujourd’hui conseiller du Préfet de Région de Normandie …. et de la partager avec AMOS Nantes.
Cette évolution n’est pas courante ?
« Je ne sais pas... pendant l’olympiade 2012-2016 nous avons, avec l’appui d’une équipe dirigeante visionnaire et d’une administration centrale courageuse, construit un système de performance qui a permis au volley-ball français d’apurer sa situation financière, de glaner ses premiers contrats de partenariats et surtout de décrocher ses premiers titres internationaux (Champion d’Europe et vainqueur de la Ligue Mondiale en 2015). Cette expérience internationale m’a permis de vivre un rêve que j’avais depuis tout petit. Mais cela a aussi été l’occasion d’ouvrir les yeux sur les limites du système. Après 15 ans consacrés à la performance de haut niveau, j’ai eu envie d’autre chose. J’ai donc repris des études management et en droit public avant de passer un concours de la haute fonction publique et de devenir Inspecteur de la Jeunesse et des Sports. »Ce corps est lui-même en mutation….
« Tout à fait ! C’est d’ailleurs l’ensemble de l’architecture sportive qui est soumise à des évolutions émanant du monde économique et de la société civile. Dans cet environnement, l’État doit repenser son mode d’intervention auprès du mouvement sportif et des collectivités territoriales mais aussi redéfinir le rôle de ses cadres. Ayant travaillé auprès des fédérations sportives (en tant que conseiller puis directeur technique) mais aussi au sein des services déconcentrés (chef du pôle jeunesse et politique de la ville à la direction régionale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale de Normandie), j’ai le sentiment que nous avons progressivement abandonné notre expertise pour devenir avant tout des gestionnaires très déconnectés des exigences de la performance, car soumis à l’exigence paradoxale de déployer toujours plus de dispositifs avec toujours moins de moyens. Bref, la tutelle de l’État est devenue avant tout et par conséquent plus très efficace et sûrement pas efficiente si l’on se compare par exemple à de tous petits pays comme la Nouvelle-Zélande. »Mais l’État a quels objectifs dans ce contexte ?
« Le projet politique est difficile à lire. D’un point de vue très général d’abord, je pense que la brièveté des mandats électoraux des ministres des sports, trop largement issus du sport de haut-niveau et sans expérience de la conduite de l’action publique, ne permet pas de construire et de partager une vision commune. Que penser aussi à ce stade de l’ANS (agence nationale du sport) ? S’agit-il d’une forme de transfert de 70 ans de lois sur le sport français à un GIP où l’État paie mais n’a plus totalement la main ? S’agit-il d’un nouveau modèle où le mouvement sportif, les entreprises mais surtout les collectivités territoriales (principal financeur du sport en France rappelons-le) sauront s’accommoder d’un partage du pouvoir avec l’État tout en restant minoritaire en matière de sport de haut niveau ? Il me semble que le projet n’est pas complément dessiné et qu’il n’est pas non plus entièrement partagé. Une illustration de ce malaise réside d’ailleurs dans le recours de l’Association professionnelle de l’inspection générale de la jeunesse et des sports a déposé un recours au conseil d’État, on mesure l’ampleur du malaise… Pourtant, et si l’on s’abstrait de la discussion autour du haut niveau, il y a de quoi être enthousiaste, des perspectives existent. D’un point de vue régalien d’abord, il y a un fort enjeu à sécuriser les pratiquants, à lutter encore plus durement contre les discriminations ou les violences sexuelles ou encore à moraliser la gouvernance du mouvement sportif. D’un point de vue sociétal ensuite, le sport pourrait constituer un puissant levier et investir bien plus qu’il ne le fait aujourd’hui la politique de la ville, la santé ou les équilibres entre territoires pourvus et fragilisés. Quant au développement économique, la majorité de nos structures et de nos dirigeants n’ont pas élaboré de business model aboutis (ou le fondent uniquement sur le développement du nombre de licenciés). Pourtant les perspectives qu’offre, par exemple, le numérique sont infinies… »
Comment ce constat se traduit-il dans les faits en ce qui concerne la professionnalisation des étudiants ?
« Il s’agit non pas d’une seule opportunité mais de très nombreux débouchés qui s’offrent aux étudiants ! Bien sûr les grands évènements sportifs et le haut-niveau les attirent, mais je pense que le développement économique du sport sera aussi largement ancré dans les territoires. Même les fédérations sportives, pour toutes les raisons évoquées précédemment, iront chercher de l’expertise dans le secteur privé et qu’une offre de conseil ciblée deviendra de plus en plus nécessaire. C’est ce à quoi j’essaie de sensibiliser les étudiants de Nantes dans le cadre de mes interventions sur la gestion de projet, la délégation de service public ou le marketing territorial. Qu’il s’agisse de la construction ou de la rénovation des équipements sportifs, de la diversification des pratiques sportives à destination de tous, ou de l’intégration du numérique, les territoires, les clubs et les fédérations ont besoin d’une expertise reconnue et labellisée qui s’appuie sur un panel de compétences acquises au cours de la formation des étudiants. Le marché du sport territorial recèle donc des potentialités en termes d’activités et d’emploi à l’image de nos voisins belges ou allemands qui intègrent la gestion d’équipements sportifs au développement social des quartiers et à l’offre de services commerciaux. Quant à l’État que je sers, il va devoir dans ce paysage renouvelé, redéfinir ses ambitions et réinventer son action au plus près des territoires. »Articlé rédigé par Alain ARVIN-BEROD, directeur du Conseil de Perfectionnement et des Publications AMOS Group. Parution dans Sport Stratégies n°658 du 25 au 31 janvier 2021.
Cyrille BOULONGNE - Conseiller du Préfet de Région Normandie
Crédit photo : Cyrille Boulongne DTN de la FF de Volley-Ball lors des JO de Rio de Janeiro en 2016, ayant été lui-même joueur et entraîneur professionnel, Cyrille Boulongne-Evtouchenko est tombé très jeune dans le sport avec notamment un grand-père paternel, Yves- Pierre, rescapé de Buchenwald, qui demeure aujourd’hui encore une référence dans l’olympisme grâce à ses travaux sur la vie et l’œuvre de Pierre de Coubertin. Après un DEA de sociologie à l’EHESS sur les valeurs de l’olympisme (ce qui allait de soi), Cyrille passe 15 années dans le mouvement sportif entre l’ANOF (Académie Nationale Olympique Française), le CNOSF (Comité National Olympique Français), et la Fédération Française de Volley, expériences qui lui ont permis de connaître non seulement les arcanes et les jeux d’acteurs de cet univers mais aussi d’en maîtriser les indicateurs sportifs et sociétaux dans un contexte en pleine mutation. Après les jeux de Rio, il a choisi de prendre du recul et de réorienter sa carrière dans le champ social pour devenir aujourd’hui conseiller du Préfet de Région de Normandie …. et de la partager avec AMOS Nantes.
Cette évolution n’est pas courante ?
« Je ne sais pas... pendant l’olympiade 2012-2016 nous avons, avec l’appui d’une équipe dirigeante visionnaire et d’une administration centrale courageuse, construit un système de performance qui a permis au volley-ball français d’apurer sa situation financière, de glaner ses premiers contrats de partenariats et surtout de décrocher ses premiers titres internationaux (Champion d’Europe et vainqueur de la Ligue Mondiale en 2015). Cette expérience internationale m’a permis de vivre un rêve que j’avais depuis tout petit. Mais cela a aussi été l’occasion d’ouvrir les yeux sur les limites du système. Après 15 ans consacrés à la performance de haut niveau, j’ai eu envie d’autre chose. J’ai donc repris des études management et en droit public avant de passer un concours de la haute fonction publique et de devenir Inspecteur de la Jeunesse et des Sports. »Ce corps est lui-même en mutation….
« Tout à fait ! C’est d’ailleurs l’ensemble de l’architecture sportive qui est soumise à des évolutions émanant du monde économique et de la société civile. Dans cet environnement, l’État doit repenser son mode d’intervention auprès du mouvement sportif et des collectivités territoriales mais aussi redéfinir le rôle de ses cadres. Ayant travaillé auprès des fédérations sportives (en tant que conseiller puis directeur technique) mais aussi au sein des services déconcentrés (chef du pôle jeunesse et politique de la ville à la direction régionale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale de Normandie), j’ai le sentiment que nous avons progressivement abandonné notre expertise pour devenir avant tout des gestionnaires très déconnectés des exigences de la performance, car soumis à l’exigence paradoxale de déployer toujours plus de dispositifs avec toujours moins de moyens. Bref, la tutelle de l’État est devenue avant tout et par conséquent plus très efficace et sûrement pas efficiente si l’on se compare par exemple à de tous petits pays comme la Nouvelle-Zélande. »Mais l’État a quels objectifs dans ce contexte ?
« Le projet politique est difficile à lire. D’un point de vue très général d’abord, je pense que la brièveté des mandats électoraux des ministres des sports, trop largement issus du sport de haut-niveau et sans expérience de la conduite de l’action publique, ne permet pas de construire et de partager une vision commune. Que penser aussi à ce stade de l’ANS (agence nationale du sport) ? S’agit-il d’une forme de transfert de 70 ans de lois sur le sport français à un GIP où l’État paie mais n’a plus totalement la main ? S’agit-il d’un nouveau modèle où le mouvement sportif, les entreprises mais surtout les collectivités territoriales (principal financeur du sport en France rappelons-le) sauront s’accommoder d’un partage du pouvoir avec l’État tout en restant minoritaire en matière de sport de haut niveau ? Il me semble que le projet n’est pas complément dessiné et qu’il n’est pas non plus entièrement partagé. Une illustration de ce malaise réside d’ailleurs dans le recours de l’Association professionnelle de l’inspection générale de la jeunesse et des sports a déposé un recours au conseil d’État, on mesure l’ampleur du malaise… Pourtant, et si l’on s’abstrait de la discussion autour du haut niveau, il y a de quoi être enthousiaste, des perspectives existent. D’un point de vue régalien d’abord, il y a un fort enjeu à sécuriser les pratiquants, à lutter encore plus durement contre les discriminations ou les violences sexuelles ou encore à moraliser la gouvernance du mouvement sportif. D’un point de vue sociétal ensuite, le sport pourrait constituer un puissant levier et investir bien plus qu’il ne le fait aujourd’hui la politique de la ville, la santé ou les équilibres entre territoires pourvus et fragilisés. Quant au développement économique, la majorité de nos structures et de nos dirigeants n’ont pas élaboré de business model aboutis (ou le fondent uniquement sur le développement du nombre de licenciés). Pourtant les perspectives qu’offre, par exemple, le numérique sont infinies… »
Comment ce constat se traduit-il dans les faits en ce qui concerne la professionnalisation des étudiants ?
« Il s’agit non pas d’une seule opportunité mais de très nombreux débouchés qui s’offrent aux étudiants ! Bien sûr les grands évènements sportifs et le haut-niveau les attirent, mais je pense que le développement économique du sport sera aussi largement ancré dans les territoires. Même les fédérations sportives, pour toutes les raisons évoquées précédemment, iront chercher de l’expertise dans le secteur privé et qu’une offre de conseil ciblée deviendra de plus en plus nécessaire. C’est ce à quoi j’essaie de sensibiliser les étudiants de Nantes dans le cadre de mes interventions sur la gestion de projet, la délégation de service public ou le marketing territorial. Qu’il s’agisse de la construction ou de la rénovation des équipements sportifs, de la diversification des pratiques sportives à destination de tous, ou de l’intégration du numérique, les territoires, les clubs et les fédérations ont besoin d’une expertise reconnue et labellisée qui s’appuie sur un panel de compétences acquises au cours de la formation des étudiants. Le marché du sport territorial recèle donc des potentialités en termes d’activités et d’emploi à l’image de nos voisins belges ou allemands qui intègrent la gestion d’équipements sportifs au développement social des quartiers et à l’offre de services commerciaux. Quant à l’État que je sers, il va devoir dans ce paysage renouvelé, redéfinir ses ambitions et réinventer son action au plus près des territoires. »Articlé rédigé par Alain ARVIN-BEROD, directeur du Conseil de Perfectionnement et des Publications AMOS Group. Parution dans Sport Stratégies n°658 du 25 au 31 janvier 2021.
Bruno LAPEYRONIE - Directeur Général de SPORTCOLL
Crédit photo : Bruno Lapeyronie Originaire d’Ajaccio, Bruno Lapeyronie est tombé dans le sport à l’âge de 8 ans et plus exactement sur un tatami. A 46 ans ce judoka ceinture noire 2eme dan n’a jamais quitté l’univers sportif pour en élargir l’horizon : comme pratiquant, comme dirigeant et comme enseignant notamment à AMOS Bordeaux. Après avoir ajouté l’athlétisme comme nouvelle corde à son arc il enchaîne les courses hors stade avec 13 marathons français dont un grand cru, celui du Médoc. Devenu triathlète il préside aux destinées de ce sport à Montpellier, fort de ses participations à de nombreuses épreuves y compris à l’« Altriman » (de format Ironman). Dans le même temps le directeur de SportColl multiplie ses engagements dans le management du sport territorial faisant de lui non seulement un expert professionnel reconnu mais aussi un « designer du sport » nouvelle espèce professionnelle en voie d’apparition.
Pourquoi avoir choisi Montpellier comme terrain de jeu ?
« Mon engagement à Montpellier s’inscrit d’abord dans mon parcours territorial suite à une formation spécifique dans ce domaine et ensuite parce que le sport classique pourrait-on dire s’est ouvert de nouveaux horizons qui peuvent prendre des formes locales innovantes et exemplaires. C’est le cas emblématique de Montpellier sous l’impulsion d’un leader du marketing territorial comme Georges Frêche dont le rôle a été décisif. Les inflexions inédites qu’il a managées comme Maire de la ville, Président de la Communauté ou Président de la Région ont montré leur efficacité. Ainsi la priorité donnée dans le cadre des aménagements restructurant la cité s’est appuyée dès le début sur le sport et la culture aux côtés du soutien à l’économie. Dans les années 80- 90 cette politique territoriale s’est distinguée par le sport quand d’autres collectivités faisaient de leur gare un pôle préfigurant aussi des évolutions en cours. Montpellier s’est appuyé sur les associations sportives qui sont au nombre de 400 à ce jour avec une présence au plus haut niveau à l’égale de Paris. Les titres de champions de France couronnent toujours cette stratégie. « On a peur de personne » disait Georges Frêche. Il évoquait notamment le football occitan venu d’un quartier, La Paillade avec Louis Nicollin, pour évoluer quelques années plus tard dans les coupes européennes ! »
D’autres collectivités ont-elles adopté une position similaire ?
« Oui et la liste est longue. Connaissant assez bien le territoire hexagonal grâce au réseau de l’ANDISS (1) dont j’ai été le Vice-Président national elles sont nombreuses de Brest ou Nantes à Marseille en passant par Bordeaux avec des évolutions dans le même sens. Ainsi quand il n’y pas assez d’équipements sportifs de nouveaux standards apparaissent en lien avec des pratiques nouvelles notamment dans les espaces publics à conquérir. Pourquoi ? Parce que nous vivons la 3ème génération dans les évolutions du sport : évolutions connectées avec celles de nos sociétés, de la technologie embarquée à la pratique sportive à domicile et avant l’épidémie, le sport gagne en influence dans nos modes vie. Un décloisonnement se produit tant pour son modèle juridique que pour ses modèles économiques »
Précisément quel est le bon modèle ?
« Je vais peut-être vous surprendre mais il n’y en a pas et je doute qu’il y en ait demain, notre société et le sport étant historiquement et heureusement attachés à la liberté. Venant d’ailleurs ? Ma réponse sera la même. Pourquoi ? Parce que « le territoire commande » où que nous nous trouvions, c’est le principe de subsidiarité qui répond le mieux aux besoins de proximité. Les territoires savent inventer des formats éloignés des stéréotypes et sans faire de bruit. L’exemple maintes fois évoqué de l’Allemagne et de ses après-midi dédiées au sport que l’on a cherché à copier est révolu, y compris chez nos voisins. En termes de modèles économiques dira-t-on ? je fais la même réponse. Il n’y a pas un modèle public plus ou moins performant qu’un modèle privé ou vice versa, mais la capacité du territoire à répondre aux besoins très divers. En revanche l’arrivée de nouveaux acteurs économiques investissant dans des équipements multifonctionnels adaptés aux différents publics, aux différents horaires est une réelle opportunité dont nombre de territoires se saisissent avec succès »Par exemple ?
« Ici à Bordeaux avec une reconquête de territoires délaissés voire en friche. C’est le cas de « Darwin », si bien nommé pour identifier la dimension évolutive de nos sociétés. « Darwin » est un pôle installé dans un lieu avec des bâtiments qui étaient destiné à la destruction au bord de la Garonne. Il a été réinvesti à partir de la proposition d’entreprises modestes en taille mais visionnaires que les pouvoirs publics ont su soutenir. Se mêlent sports urbains, espaces de coworking, restauration bio, agora pour spectacles notamment. Le développement des pistes cyclables et des aménagements conciliant urbanisme et espaces de loisirs sont réalisés sous l’égide des pouvoirs publics et en lien avec les associations sportives le plus souvent. J’ai eu le privilège d’être au cœur de ces évolutions comme Directeur des Sports de la ville de Montpellier pendant 8 ans venant de la Ville de Bourges, via la Normandie, où de responsable des piscines j’ai pu gravir les échelons. De gestionnaire d’équipements à manager de la stratégie d’un territoire j’observe les mutations en cours que je partage avec les étudiants à AMOS comme à l’Université. Avec mon agence SportColl créée en 2017 et qui dépend de la direction de « TVSportEvent » je fédère chaque année acteurs publics et privés dans un Forum à Montpellier. Les fabricants sont présents durant ces 3 journées dans la cité qui accueille l’ATP 250 au sein de la Sud de France Arena. C’est le seul rendez-vous en France qui réunit les décideurs des politiques sportives, élus, cadres territoriaux, mouvement sportif et acteurs économiques de la filière sport »Pour travailler dans cette filière que conseillez-vous aux étudiants ?
« D’ouvrir les yeux sur le sport et la vie publique de leur territoire avec au premier rang les évolutions des pratiques et donc des métiers. Ainsi l’évènementiel, et au -delà de ses difficultés liées au Covid 19, est souvent vécu comme l’Eldorado du sport, ce qu’il n’est pas ! La vie estudiantine doit préparer leur entrée dans la vie active quand beaucoup de jeunes de la génération actuelle vivent comme une bulle coupée des contingences de la réalité, d’où l’intérêt des expériences professionnelles dans leur formation, mais aussi après, mon expérience m’ayant appris que tout est possible avec la volonté et la passion » (1) ANDIISS : Association Nationale des Directeurs et Intervenants des Installations et des services des sports.
Articlé rédigé par Alain ARVIN-BEROD, directeur du Conseil de Perfectionnement et des Publications AMOS Group. Parution dans Sport Stratégies n°657 du 18 au 24 janvier 2021.
Bruno LAPEYRONIE - Directeur Général de SPORTCOLL
Crédit photo : Bruno Lapeyronie Originaire d’Ajaccio, Bruno Lapeyronie est tombé dans le sport à l’âge de 8 ans et plus exactement sur un tatami. A 46 ans ce judoka ceinture noire 2eme dan n’a jamais quitté l’univers sportif pour en élargir l’horizon : comme pratiquant, comme dirigeant et comme enseignant notamment à AMOS Bordeaux. Après avoir ajouté l’athlétisme comme nouvelle corde à son arc il enchaîne les courses hors stade avec 13 marathons français dont un grand cru, celui du Médoc. Devenu triathlète il préside aux destinées de ce sport à Montpellier, fort de ses participations à de nombreuses épreuves y compris à l’« Altriman » (de format Ironman). Dans le même temps le directeur de SportColl multiplie ses engagements dans le management du sport territorial faisant de lui non seulement un expert professionnel reconnu mais aussi un « designer du sport » nouvelle espèce professionnelle en voie d’apparition.
Pourquoi avoir choisi Montpellier comme terrain de jeu ?
« Mon engagement à Montpellier s’inscrit d’abord dans mon parcours territorial suite à une formation spécifique dans ce domaine et ensuite parce que le sport classique pourrait-on dire s’est ouvert de nouveaux horizons qui peuvent prendre des formes locales innovantes et exemplaires. C’est le cas emblématique de Montpellier sous l’impulsion d’un leader du marketing territorial comme Georges Frêche dont le rôle a été décisif. Les inflexions inédites qu’il a managées comme Maire de la ville, Président de la Communauté ou Président de la Région ont montré leur efficacité. Ainsi la priorité donnée dans le cadre des aménagements restructurant la cité s’est appuyée dès le début sur le sport et la culture aux côtés du soutien à l’économie. Dans les années 80- 90 cette politique territoriale s’est distinguée par le sport quand d’autres collectivités faisaient de leur gare un pôle préfigurant aussi des évolutions en cours. Montpellier s’est appuyé sur les associations sportives qui sont au nombre de 400 à ce jour avec une présence au plus haut niveau à l’égale de Paris. Les titres de champions de France couronnent toujours cette stratégie. « On a peur de personne » disait Georges Frêche. Il évoquait notamment le football occitan venu d’un quartier, La Paillade avec Louis Nicollin, pour évoluer quelques années plus tard dans les coupes européennes ! »
D’autres collectivités ont-elles adopté une position similaire ?
« Oui et la liste est longue. Connaissant assez bien le territoire hexagonal grâce au réseau de l’ANDISS (1) dont j’ai été le Vice-Président national elles sont nombreuses de Brest ou Nantes à Marseille en passant par Bordeaux avec des évolutions dans le même sens. Ainsi quand il n’y pas assez d’équipements sportifs de nouveaux standards apparaissent en lien avec des pratiques nouvelles notamment dans les espaces publics à conquérir. Pourquoi ? Parce que nous vivons la 3ème génération dans les évolutions du sport : évolutions connectées avec celles de nos sociétés, de la technologie embarquée à la pratique sportive à domicile et avant l’épidémie, le sport gagne en influence dans nos modes vie. Un décloisonnement se produit tant pour son modèle juridique que pour ses modèles économiques »
Précisément quel est le bon modèle ?
« Je vais peut-être vous surprendre mais il n’y en a pas et je doute qu’il y en ait demain, notre société et le sport étant historiquement et heureusement attachés à la liberté. Venant d’ailleurs ? Ma réponse sera la même. Pourquoi ? Parce que « le territoire commande » où que nous nous trouvions, c’est le principe de subsidiarité qui répond le mieux aux besoins de proximité. Les territoires savent inventer des formats éloignés des stéréotypes et sans faire de bruit. L’exemple maintes fois évoqué de l’Allemagne et de ses après-midi dédiées au sport que l’on a cherché à copier est révolu, y compris chez nos voisins. En termes de modèles économiques dira-t-on ? je fais la même réponse. Il n’y a pas un modèle public plus ou moins performant qu’un modèle privé ou vice versa, mais la capacité du territoire à répondre aux besoins très divers. En revanche l’arrivée de nouveaux acteurs économiques investissant dans des équipements multifonctionnels adaptés aux différents publics, aux différents horaires est une réelle opportunité dont nombre de territoires se saisissent avec succès »Par exemple ?
« Ici à Bordeaux avec une reconquête de territoires délaissés voire en friche. C’est le cas de « Darwin », si bien nommé pour identifier la dimension évolutive de nos sociétés. « Darwin » est un pôle installé dans un lieu avec des bâtiments qui étaient destiné à la destruction au bord de la Garonne. Il a été réinvesti à partir de la proposition d’entreprises modestes en taille mais visionnaires que les pouvoirs publics ont su soutenir. Se mêlent sports urbains, espaces de coworking, restauration bio, agora pour spectacles notamment. Le développement des pistes cyclables et des aménagements conciliant urbanisme et espaces de loisirs sont réalisés sous l’égide des pouvoirs publics et en lien avec les associations sportives le plus souvent. J’ai eu le privilège d’être au cœur de ces évolutions comme Directeur des Sports de la ville de Montpellier pendant 8 ans venant de la Ville de Bourges, via la Normandie, où de responsable des piscines j’ai pu gravir les échelons. De gestionnaire d’équipements à manager de la stratégie d’un territoire j’observe les mutations en cours que je partage avec les étudiants à AMOS comme à l’Université. Avec mon agence SportColl créée en 2017 et qui dépend de la direction de « TVSportEvent » je fédère chaque année acteurs publics et privés dans un Forum à Montpellier. Les fabricants sont présents durant ces 3 journées dans la cité qui accueille l’ATP 250 au sein de la Sud de France Arena. C’est le seul rendez-vous en France qui réunit les décideurs des politiques sportives, élus, cadres territoriaux, mouvement sportif et acteurs économiques de la filière sport »Pour travailler dans cette filière que conseillez-vous aux étudiants ?
« D’ouvrir les yeux sur le sport et la vie publique de leur territoire avec au premier rang les évolutions des pratiques et donc des métiers. Ainsi l’évènementiel, et au -delà de ses difficultés liées au Covid 19, est souvent vécu comme l’Eldorado du sport, ce qu’il n’est pas ! La vie estudiantine doit préparer leur entrée dans la vie active quand beaucoup de jeunes de la génération actuelle vivent comme une bulle coupée des contingences de la réalité, d’où l’intérêt des expériences professionnelles dans leur formation, mais aussi après, mon expérience m’ayant appris que tout est possible avec la volonté et la passion » (1) ANDIISS : Association Nationale des Directeurs et Intervenants des Installations et des services des sports.